L'Avent

Joie de l'Avent, joie de Noël...joie de l'Évangile
Mgr Jean-Marie Le Vert Joie de l'Avent, joie de Noël...joie de l'Évangile

« Je vous annonce une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui, vous est né un Sauveur » (Luc 2, 10).
Ce cri émerveillé de l’ange aux bergers, nous l’entendrons dans la nuit de Noël.
À Noël, le cadeau de Dieu, c’est la joie ! Et le temps de l’Avent nous prépare à accueillir cette joie, un peu comme l’Ancien Testament préparait la venue du Sauveur, cette joie que tout l’Évangile nous invite à recevoir parce que Dieu vient nous sauver.

Dieu a préparé avec soin l'humanité à la venue de son Fils : par le choix du peuple d'Israël, à qui il a promis la venue d’un Sauveur ; par les prophètes, envoyés patiemment pour dessiner le portrait-robot de ce Messie…Mais, peu à peu, beaucoup dans le peuple juif ont cru qu’il apporterait un royaume terrestre, une supériorité sur les autres peuples, une plus grande aisance matérielle… Alors, Dieu a suscité le dernier des prophètes, le plus grand, Jean-Baptiste, qui annonce qui est le Messie promis : il est Dieu lui-même ! Ce Sauveur n’est pas une star ou un puissant de ce monde. Il se présente dans la figure d’un enfant emmailloté dans une mangeoire. Il vient pour la conversion des cœurs et pour révéler qui est vraiment Dieu…

La première joie qui découle de cette action stupéfiante, c’est que rien de notre histoire, ni la vie, ni la mort, ni aucune de nos espérances et de nos déceptions, de nos attentes et de nos efforts, de nos joies et de nos peines, rien ne peut demeurer étranger à Dieu qui est devenu l’un des nôtres en Jésus. L’Avent et Noël nous invitent ainsi à changer notre regard sur Dieu, sur le monde et sur sa destinée.

Une autre joie, c’est qu’en devenant homme, Dieu nous montre la dignité et la grandeur de toute personne humaine, depuis la naissance jusqu’à la mort, du sportif adulé par les foules au vieillard grabataire ou à l’enfant handicapé… La puissance de Dieu est de se faire fragile et vulnérable. La grandeur de Dieu est de s’être fait petit. Cela est difficilement compréhensible pour notre société qui a du mal à accepter les limites et la fragilité, qui recherche le succès, le bien-être immédiat, la réussite individualiste... En se faisant petit et faible, Dieu vient changer le cœur de l’homme, pour que l’homme change sa façon de vivre et vive dans sa joie, en se laissant conduire par ce nouveau-né, en acceptant qu’il bouscule notre vie et nous fasse réviser l’échelle de nos valeurs.

C’est tout cela, la joie de l’Évangile, la joie de Noël que nous préparons !

Mais n’est-il pas déplacé et provocant de parler de joie, dans les temps troublés que nous connaissons ? Aujourd’hui, des peurs de tous genres peuvent habiter notre cœur, des peurs exploitées sans vergogne : peur sanitaire, peur économique, peur sociale, peur migratoire, peur de la manipulation génétique, peur écologique, peur de la déchristianisation, peur pour notre vie en Église… Aujourd’hui, se propage dans nos sociétés développées une culture de peurs qui nous empêche d’envisager l’avenir avec espérance. Or, il n’y a pas de joie sans espérance !

La question qui nous est donc posée, c’est de savoir si notre foi chrétienne apporte quelques réponses et une espérance nouvelle dans ce contexte. Eh bien, oui ! Le Christ propose à ses disciples de ne pas céder à nos peurs, mais de venir le contempler dans la Crèche pour découvrir qu’il est le seul Sauveur, que le salut du monde n’est pas au bout de nos forces, que ce salut se réalise d’une manière qui dépasse nos attentes... Au moment où beaucoup d’hommes et de femmes semblent privés de sens de l’existence et abandonnés à la crainte pour leur avenir, voilà que la naissance du Fils de Dieu s’est fait homme fait briller dans notre monde une lumière d’espérance que nul ne peut éteindre. Nous tournerons-nous vers cette lumière, ou nous laisserons-nous attirer par les ténèbres de nos craintes ?

La vraie joie ne se trouve pas dans ces caricatures. Face à ses peurs, notre monde a du mal à produire la joie. On la recherche partout, on la provoque souvent de manière artificielle. Mais ensuite, le poids de la tristesse, de l’angoisse, de la détresse se fait toujours sentir. La vraie joie vient de Dieu, qui nous sauve vraiment du mal et de la mort. Ce Dieu ne vient pas simplement changer les structures extérieures de notre monde et améliorer nos conditions de vie ; il vient changer la vie elle-même, en profondeur, en se faisant l’un de nous !

L’Avent nous invite à en reprendre conscience et à opérer certaines conversions pour profiter pleinement de Noël : « Préparez le chemin du Seigneur », comme le proclame Jean le Précurseur. Les Jean-Baptiste modernes ne manquent pas : ils appellent à ne pas laisser Dieu crier en vain dans le désert de notre cœur, à nous préparer à la vraie joie. L’Avent est une école de la joie !

Dans la nuit de Noël, la Bonne Nouvelle du Salut, l’Évangile, s’est fait chair. À nous, disciples-missionnaires de Jésus, de transmettre aujourd’hui la joie de l’Évangile, car cette joie est pour tous les hommes. C’est aussi notre joie de proposer le Christ à ceux qui n’ont pas la chance et la grâce d’y croire. Oui, notre force, notre paix et notre joie, c’est bien la personne de Jésus, Fils unique de Dieu, né de la Vierge Marie, notre Seigneur et notre Frère !

Sainte et joyeuse préparation à la fête de Noël.

 
+ Jean-Marie Le Vert
Évêque auxiliaire de Bordeaux